02 Sep 2025
De passage dans la capitale catalane j’ai eu l’opportunité d’aller voir ce spectacle de Flamenco. Pour situer mon état d’esprit lorsque j’ai assisté à la représentation, je venais le jour même de visiter la Sagrada Familia sous la pluie le matin et de me balader au parc Güell l’après-midi dans la moiteur et chaleur barcelonaise. Autant dire que je n’étais pas dans les meilleures dispositions pour voir ce spectacle le soir. Malgré cela c’est peu de dire que j’ai adoré. Déjà, le cadre magnifique que constitue le Palau de la musica catalana vaut le détour à lui seul. Ensuite quelle claque tant auditive que visuelle. Quelle énergie, quelle puissance ! C’était la première fois que j’écoutais, voyais du Flamenco. Les incroyables voix des deux chanteuses combinées au talent des musiciens était un pur régal. L’émotion transmise a transpercé mon cœur laissant rouler sur mes joues quelques larmes chaudes. Un mélange de tristesse, de rage mais aussi de fierté d’un peuple déraciné, ostracisé et détesté par beaucoup. Quelque chose en moi est rentré en résonance avec ces cris déchirants et cette musique rythmée. Peut-être car, d’origine afro-caribéenne, je comprends, je ressens que le rythme, les percussions, la musique, transmissions ataviques, sont parfois les seuls remparts, seuls exutoires face à la cruauté des hommes. Une similitude avec le bèlè et le gwoka respectivement de Martinique et de Guadeloupe me semble tout à coup évidente. Et certains pas des danseuses rappellent cette étrange ressemblance, synonyme d’une histoire, d’une expérience, d'une douleur partagées malgré des milliers de kilomètres séparant ces deux peuples brisés. Appesantissons-nous sur la danse justement. J’aimerai d’abord rendre hommage à l’unique danseur homme qui a tenté d’exister face aux deux danseuses. Et ce n’était pas chose aisée, car quel charisme, quelle intensité avaient ces femmes. La féminité est souvent associée à la douceur et à la fragilité mais ici elle est puissante, visible, intimidante. Elle a la rage de vivre, elle porte la vie, elle transmet la vie. La féminité serait incomplète sans ces deux faces d’une même pièce. Douceur et tendresse côté pile, rage et force côté face. J’ai été littéralement bouleversé par ces femmes. J’en suis ressorti interloqué, interrogé.
Alors merci pour cette représentation. Le flamenco n’était plus seulement un spectacle, mais une véritable expérience. Je recommande vivement à tous ceux qui sont de passage à Barcelone d’y assister en espérant que vous ressentirez les mêmes émotions que j’ai pu éprouver.